• Camus -

    « (...)
    Dans la nuit, il sentit sous ses doigts les pommettes glacées et saillantes et les lèvres chaudes d'une tiédeur ou le doigt enfonçait. Alors fut en lui comme un grand cri désintéressé et ardent. Devant la nuit chargée d'étoiles à craquer, et la ville, comme un ciel renversé, gonflé des lumières humaines, sous le souffles chaud et profond montait du port vers son visage, lui venait la soif de cette source tiède, la volonté sans frein de saisir sur ces lèvres vivantes tout le sens de ce monde inhumain et endormi, comme un silence enfermé dans sa bouche. Il se pencha et se fut comme s'il posait ses lèvres sur un oiseau.(...). Il mordit dans les lèvres et, durant des minutes, aspira cette tiédeur qui le transportait, comme s'il serrait le monde dans ses bras. Elle, cependant, s'accrochait à lui, comme noyée ,surgissait par eclair de ce grand trou profond ou elle était jetée, repoussait alors ces lèvres qu'elle attirait ensuite,  retombant alors dans les eaux glacées et noires qui la brûlaient comme un peuple de dieux."

    Albert Camus, Carnets ( mai 35 - fevrier 42 )

  • Commentaires

    1
    Dimanche 6 Février 2005 à 15:27
    Fang :)
    As tu eu mon message ?
    2
    fang1 Profil de fang1
    Dimanche 6 Février 2005 à 20:39
    Laurent-blogg
    oui! je n'avais plus consulté ma messagerie depuis longtemps, j'ai repondu, dessus, ne sait pas si il fallait en commentaire ou en mail ou en messagerie interne, mais message recu, merci !!!!! :)
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